erre...

hatodik nap sixième jour

vendredi 24 octobre 2008

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si je ne parle pas, je ne suis pas étranger
quand je parle je deviens celui qui ne sait pas qui ne sait pas parler comme on parle ici
la parole différencie elle est force singulière et piège du moi
piège le moi

en somme, parler, c’est donner un accent à la langue

imé voilà
egy év un an
imé
egy év ráadásul un an de plus
ma most aujourd’hui maintenant
és naponta et chaque jour
naponta
naponta
egy év ráadásul
ez az c’est ça
kesz c’est fait
ez így c’est comme ça
naponta kesz így chaque jour c’est fait comme ça
ez az
így comme ça
egy év még égyszer un an une fois de plus
is ma aujourd’hui aussi
már ma aujourd’hui déjà
kesz c’est fait
és semmi et rien
semmi más(ik) nem illik rien autre ne se fait utiliser ici illik ça ne se fait pas ??
ma most aujourd’hui maintenant

d’évidence ça ne peut être ça, comment ça le pourrait
comment
un texte
il y a là du possible et aussi du monstrueux
un mot ou un ensemble de deux mots, voire trois sont justes et dans le même temps le sont-ils / le sont-ils avec ce qui suit
c’est un babil gügyögés à ce stade

l’enjeu est de travailler là ott dans le simple cette nudité de mon écriture írás
d’espacer mon écriture írás à l’épreuve de cette langue
de déconstruire de mon côté et là-bas ott (c’est-à-dire ici itt)
l’état actuel est sans ici et sans là-bas, ni ici ni là-bas se itt se ott ou nem itt nem ott et sans doute pas encore assez. il y aura du décisif quand cela importera peu, quand l’espace mutuel sera approché et suffisamment étendu pour permettre du mouvement. pour l’instant, l’écriture, si cela peut déjà avoir ce nom, ne permet que des incursions brèves dures incertaines brutes

évidemment cela côtoie tout ce qui est au cœur des logiques de traduction avec une différence majeure puisque l’écriture a lieu en hongrois
je garde ce que je veux dire sous la surface, en affleurement juste avant que ça ne soit conscient pour chercher le mot ou la formule en hongrois soit dans ma mémoire soit dans les livres (dictionnaire, poèmes… )

le peu que je repère / que je connais restreint et en même temps permet d’élargir peu à peu le champ szabad oui d’élargir le terrain d’entente

ma most aujourd’hui maintenant
semmi másik illik rien d’autre de possible
se holnap se tegnap ni demain ni hier
semmi másik nem lehet rien d’autre n’est (pas) possible ?
nem lehet ça n’est pas possible
màs nem lehet autre chose n’est pas possible
ma, nem ni aujourd’hui
tegnap, nem ni hier
holnap, nem ni demain
nem lehet ça n’est pas possible

il y aura toujours cette question de la distance
celle d’où je travaille avec l’ici
affronter et mesurer
ce que veux dire / écrire ír, là ici ott itt de cette manière
de là où je suis vagyok et de là où ils sont vannak
quel terrain d’entente, en commun, cette fois ?
se dire ainsi qu’à ce moment précis il ne peut y avoir d’action que dans l’écriture par l’écriture dans cette espace-là

l’action première est celle-là, celle de l’écriture írás que l’espace de cette ville en est le moteur, que tout ce que je croise en marchant en m’arrêtant en bougeant concourre à la fois de l’isolement (caisson sensoriel), donc du travail en soi et à la fois permet l’étirement, donc à la fois donne l’énergie et ouvre le moi à l’autre…

[ penser qu’avec la nuit qui tombe le bruit doit cesser (le bruit des hommes), doit cesser le bruit des hommes, ce qui a lieu dès qu’on quitte les villes]

NB : quoi de commun entre ce que je lis et ce que j’entends ?
pour le moment au 6e jour le lien reste incertain, entièrement inhabituel. dans le tram sur Erszebet Josef Korut les stations passent en LED et sont annoncées par une voix synthétique. comment la voix dit ce que je lis reste encore une grande étrangeté
reprendre la ligne dans l’autre sens pour entendre une deuxième fois ça n’est pas plus familier plus loin un homme parle dans un mobile. dès que j’entends igen igen oui oui je sais que c’est du hongrois. pas avant ce repère qui change peu des uns aux autres
comme si chacun parlait différemment, autant d’êtres que de façons de former les mots, de prononcer les voyelles les consonnes les mots, autant d’êtres que d’accents. la voix synthétique prononce les i en fin de mot comme des e, un son entre i et e, dans les livres le son du i est transcrit “i”…


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