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jegyzeteket#6 (ír, tehát) notes#6 (écrire, donc)

dimanche 23 novembre 2008


1. szóról szóra mot à mot
le 23 novembre 2008
2. kívül hors de
le 23 novembre 2008
3. ír, tehát écrire, donc
le 23 novembre 2008

1. szóról szóra mot à mot
le 23 novembre 2008

la perte (de soi)
ou
bien au contraire

être perdu quand on ne parle par la langue…
sensation première
pourtant
la langue permet d’aller plus vite
mais elle met à distance
des intuitions
des sens
de l’ensemble des matières

parler c’est aller trop vite
ou passer à côté de
c’est ça
c’est laisser de côté
mais dans le même temps
exactement dans le même temps
c’est différer

ou

écrire dans une langue qui restera étrangère
et pourtant y écrire
tracer quelque chose dans un espace d’abord indifférencié
dense, impraticable (?)
dans un espace déjà constitué, débroussailler

une langue étrangère comme un ensemble de rushs
où il faut trier, prendre du temps
ralentir, revenir, retourner, retrouver
et disposer, assembler, trouver les formes justes
de passage d’un plan (un mot) à un autre (un mot)
et construire ce qui devient écrire

le faire dans une langue « orpheline »
c’est-à-dire parlée par peu de
c’est-à-dire isolée par le nombre
par l’absence de nombre

travailler dans cette langue parce que ce n’est pas
une langue de communication

parce qu’avant d’être un vecteur elle est un lieu de parole

2. kívül hors de
le 23 novembre 2008

être hors sa langue donne à tout acte, à toute chose la qualité de l’événement
être alors dans un temps où se rejoue le nom des choses, où pour la première fois le nom est entendu
aucune nostalgie là, en aucune manière
reprendre des forces, alors, simplement

être hors sa langue pour générer une suite unique de moments
où ce qui est nommé donne accès à l’objet et ne le met pas encore à distance par l’histoire

après ce premier moment, découverte et répétition, l’usage du mot recouvre l’objet d’une histoire et le met à distance de soi en le transmettant à l’autre…

retrouver sa langue maternelle
c’est immédiatement
basculer dans un autre espace-temps
et retrouver le récit, retrouver une histoire, et toutes les histoires en même temps
celles des autres, celles qu’on entend des autres
celles qu’on ne veut pas entendre et qu’on entend
c’est être ensemble malgré soi
c’est quitter l’espace de la rencontre
ce qui se construit quand s’apprend le vocabulaire
quand s’apprennent les gestes
quand s’apprennent la profondeur qui permet de reconnaître
qui permet de comprendre

en somme, babel est ce qui permet d’être soi
une détermination, une position
quel que soit le flux alentour

3. ír, tehát écrire, donc
le 23 novembre 2008

écrire comme on déchiffre une langue inconnue
écrire c’est interpréter les mots et leur syntaxe
quels que soient les ensembles déjà constitués
c’est la langue traversée par du vivant
c’est du vivant traversé par le langage
écrire est donc un événement
quelque chose qui ne peut jamais être appréhendé dans sa totalité parce que ça a déjà eu lieu quand c’est écrit

NB : l’image est partout
évidemment
mais les mots, les mots, encore plus, on ne se passe pas des mots
on parle sans cesse
ça parle partout
sans cesse
sans arrêt
la société de l’information
c’est avant tout celle des mots
aucune image (à très peu de choses près) n’est publiée sans mots
sur papier en radio en télé
les mots dirigent, informent, donc
les mots sont des véhicules, des vecteurs
les mots sont des utilités
véhicules, ils sont usés, unilingues, monolingues
sans profondeur
ils sont transparents
ils survolent
détruits
en service commandé
partout
ils oblitèrent
ils ne sont plus une langue


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